dimanche 2 novembre 2014

Une discussion avec Jack Dangermont PDG ESRI Corp


Post à destination des professionnels et amateurs des SIG. 

Je suis tombé par hasard sur cette très bonne interview (2012) de Jack Dangermont, le fondateur historique et PDG d'ESRI. Un type qui explique très bien sa vision du marché et les atouts de sa société. C'est un ingénieur passionné, travailleur au long court engagé sur son marché. C'est sans aucun doute une des grandes forces d'ESRI : un management historique de passionnés qui ne se laisse pas déborder par la finance, les actionnaires et les fonds d'investissement. C'est toujours le métier des SIG qui dirige ESRI avec le souci premier des utilisateurs des produits, la priorité à la R&D pour suivre les demandes concrètes du marché et enfin un staff passionné par la cartographie en numérique.

Je commente ici deux points qui me tiennent à cœur :

  • Non au Desktop versus le Web, Oui au Desktop et Web : 
Jack explique la stratégie pour ESRI sur un marché des SIG qui a connu de nombreux bouleversements. La vision d'ESRI est le résultat d'un processus long d'observation du marché, des technologies et des usages.

Je suis en phase avec son analyse sur les complémentarités Desktop/Web. Le desktop est réservé aux usages d'études les plus intensifs, à la structuration des données et  à la préparation des publications massives sur le Web. Le desktop se source aussi à partir de multiples données, services et add-on disponibles sur le web.  La plateforme Web (Chez Esri : ArcGis Online) pour les diffusions massives de cartes le plus souvent prémâchées et pour  les usages light du plus grand nombre. Le tout dans une optique d'utilisation professionnelle des SIG : les utilisations grand public restent le domaine réservé de Google, Yahoo... 

Chez MapInfo nous avons une vision convergente bien qu'elle ne fasse pas l'unanimité : certains ont parié sur l'abandon total des modules desktop et le passage sur le tout Cloud. Je ne fais pas partie de ceux-là. Comme Jack et comme de nombreux utilisateurs réguliers des SIG, je pense qu'il y a des technologies et des supports différents selon les usages et qu'il y a une réelle mixité/complémentarité desktop/web à exploiter et encore à imaginer.     

  • Open Source et modèle payant : 
Une autre partie très intéressante de l'interview concerne l'Open Source. ESRI est un éditeur "traditionnel" qui vit des droits de licence qu'il perçoit de ses clients. L'Open Source est un écosystème de développement. Il se développe à partir de projets et se finance sur les services d'implémentation. Les business modèles sont donc bien différents. L'open source est pilotée aussi par l'innovation et vient très souvent compléter efficacement certaines lacunes des technologies payantes. L'open source secoue aussi le prunier des éditeurs en leur supprimant la tentation du rentier. Il casse la rente des éditeurs sur certaines technologies fondamentales et les incite à innover de leur côté pour créer de nouveaux standards. La communauté des développeurs open source est aussi encline à recommander/adopter des technologies payantes afin d'éviter des redéveloppements très fastidieux. ESRI a  ainsi décidé très intelligemment d'alimenter la communauté open source en publiant certaines de ses technologies et contenus. Sur ce point, je peux confirmer que l'on peut utiliser très facilement les beaux fonds de cartes et certains modules de géocodage d'ESRI en développant des applications cartographiques web/mobile sur l'environnement open source Leaflet. Enfin tous les éditeurs payants intègrent depuis longtemps de nombreux composants open source dans leur solution. 

Donc les deux modèles cohabitent et s'enrichissent pour les bons soins des utilisateurs. Utilisateurs de plus en plus nombreux et chevronnées qui font en retour la fortune des deux modèles open sources et payant...
  


En aparté, vous pouvez remarquer l'affiche du film " Y a-t-il un pilote dans l'avion?" en fond de plan de l'interview de Jack. C'est bien le pilote d'ESRI...

Cliquez pour voir la vidéo (20 mn) de l'interview de Jack Dangermont (source : GéoMag.fr NexTIC 2012)