samedi 30 novembre 2013

Le prénom, ce marqueur social

Les études sur les prénoms ont toujours la côte ! Guy Desplanques à l'INSEE avait initié les premiers travaux sur le sujet en  France en 1986 (Guy Desplanques, “Les enfants de Michel et Martine Dupont s’appellent Nicolas et Céline”, Economie et statistique, 1986, n°184, pp. 63-83)  . Depuis le succès des publications sur les prénoms ne se dément pas. Des sites spécialisés tracent la géographie de la fréquence des prénoms, l'histoire, l’étymologie et les courbes de naissance des prénoms. En quelques clics d'Internet, on connaît tout des prénoms régionalistes, des phénomènes de mode et des prénoms de générations. Mais ce qui fascine le plus, c'est la marque sociale qu'imprime un prénom. Il y a des prénoms mondains, des prénoms classiques indémodable, des modes de prénoms bourgeois ou populaires...

Le prénom marque bien sur le sexe. Il permet aussi d'approcher  l'âge ( la génération), le milieu social, l'origine ethnique de celui qui le porte. Identité, sexe, âge et catégorie sociale, origine géographique et ethniques: ce sont des attributs importants de la personne que les sociologues adorent triturer.

Sur ce sujet, Baptiste Coulmont a récemment revitalisé le domaine en produisant une très astucieuse analyse de la fréquence des mentions très bien au Bac par prénom. Les prénoms féminins sont très dominant sur la partie gauche du graphique, car les filles réussissent mieux au Bac que les garçons. Les très bons élèves vivent dans les milieux sociaux les plus favorisés et portent les prénoms de leur milieu. En 2013, 2150 Kevin ont passé le Bac et moins de 3% ont obtenu la mention Très Bien. A contrario,  parmi les 1500 Juliette, 18% on décroché la mention très bien. C'est bien l'espace social qui se dessine derrière le résultat des mentions du bac par prénom ; une nouvelle traduction du trop important lien de causalité entre l'origine sociale et la réussite au diplôme.

Je vous recommande donc de consulter le graphique interactif du positionnement de chaque prénom selon leur ratio d'accès à la mention très bien et leur fréquence d'apparition dans la population.  C'est une représentation à la fois synthétique, détaillée, précise et très explicite :
Accès au graphique interactif du taux de mentions TB par prénom
Les statisticiens, les sociologues, les professionnel du marketing, les généalogistes, les journalistes et le grand public raffolent des études et données sur les prénoms. Et c'est tant mieux !